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— Et alors, demanda le Prussien qu’arriverait-il ?

— Eh ! des choses peu agréables, dont vous avez eu déjà l’avant-goût et que vous pouvez bien imaginer.

— Alors, dit en riant l’Allemand, vaincre ou mourir.

— Allons, vous prenez bien la chose, dit Vautrin. Courage, donc, jeune homme, et à bientôt.

Et il mit fin à cette courte conférence en passant chez madame la comtesse de Werchauffen, qui, dit-il, en attendait avec anxiété le résultat.


V

LA MESSE DE MARIAGE


Entre le chapitre qui commence et celui qui vient de finir, cinq ans se sont écoulés.

Parti au mois de novembre 1840, Sallenauve ne reparut à Paris qu’au commencement de 1845 ; on comprend que, durant cet intervalle, bien des choses avaient dû arriver.

En entreprendre le récit à notre compte, serait démesurément allonger notre tâche, et d’ailleurs en l’absence du personnage autour duquel jusqu’ici ont gravité tous les incidents du drame, donner directement la parole à des figures et à des faits secondaires ne serait-ce pas aller contre cette sainte loi de l’unité dont l’observation reste d’autant plus impérieuse, que la narration est plus étendue et plus accidentée.

Heureusement, en réunissant quelques fragments de la correspondance que Sallenauve, durant les quatre années de son exil volontaire, eut avec les amis qu’il avait laissés en France, nous pouvons brièvement et à peu de frais résumer tous les événements que le lecteur a besoin de connaître avant d’arriver aux péripéties de cette existence si romanesque et si agitée.

Six mois après le départ de Sallenauve, Bricheteau, par l’intermédiaire de Mongenod, le banquier, recevait la lettre suivante datée de Montevideo, février 1841 :