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correspondance.

point, n’est-ce pas ? Figurez-vous que j’ai entrepris deux ouvrages à la fois, outre nombre d’articles. J’ai promis que ces deux ouvrages paraîtraient, l’un au milieu de février, l’autre en avril, et je les commence. Les jours me fondent entre les mains comme de la glace au soleil. Je ne vis pas, je m’use horriblement ; mais périr de travail ou d’autre chose, c’est tout un. — J’ai vingt fois pris mon chapeau et mes gants pour aller à Saint-Cyr, et j’ai eu autant de fois la route barrée par des affaires.

Mais, au risque de perdre une occasion d’argent, j’irai, j’espère, ces jours-ci, respirer auprès de vous, loin des travaux, des tracas. Vous m’avez bien puni, du reste, de mon propre malheur, car vous ne m’avez pas récrit de ces paroles consolantes qui soutiennent. J’ai appris que vous aviez éprouvé un grand chagrin et j’y ai pris part. M. Borget[1] m’a dit aussi que vous aviez été malade et je vous ai excusée de m’avoir laissé sans lettres, mais non pas de m’avoir laissé dans l’ignorance de votre indisposition.

Si vous veniez à Paris, dites-moi le jour, afin que je me procure ma propre liberté pour cette journée. Puis, si les épreuves, les manuscrits à donner me prêtent vie, j’irai du 3 au 6 à Saint-Cyr, vous rendre ma tardive visite du jour de l’an.

Rappelez-moi au souvenir de ces messieurs et agréez les sincères expressions d’une vive amitié et d’une inaltérable reconnaissance.

  1. Auguste Borget, peintre de genre, auteur de la Chine ouverte, de la Chine et les Chinois, et l’un des premiers artistes qui nous aient initiés aux mystères du Céleste Empire. Auguste Borget habitait, à