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correspondance.

les dames d’honneur de Sa Majesté Très-Ténébreuse que leur voisinage fait briller, travaillent à ce tissu qui servira pour le papier du testament…

Le cousin V… s’est retrouvé sur ses deux pieds, faisant plus de tapisserie que jamais. Sa femme est toujours pleine de douceur ; mais elle n’a pas encore pu arrêter de domestiques ; et la cousine R… ne se lasse pas de lui en fournir de nouvelles qui viennent de chez mesdames Lina, Cardon, Poirié, etc., etc., connues ou pas connues, de mesdames B…, G…, D…, H…

La cousine Victoire est venue trois fois manger la soupe grasse, et il y avait toujours quinze jours qu’elle n’en avait mangé…

J’ai été faire visite à madame D… Elle est toujours belle et friande, et M. D… toujours malade ; il est sur le flanc, et ne se porte bien qu’en Normandie à cause des pâturages. Aussi madame va l’y aller mettre au vert. Elle a raison de craindre le séjour de Paris : je ne pense pas qu’on l’y laisse longtemps veuve, se plaignant hautement de son mari… Je l’ai trouvée habillée comme un ange ; toujours sa jolie taille, sa figure fade, ses yeux langoureux. Elle m’a reproché de ne pas avoir été la voir ; nous avons causé de l’amour platonique, puis du physique ; et elle a fini par m’inviter à ses soirées du vendredi. — Son salon est orné de deux vastes portraits. : d’un côté, M. D… est en pied dans une attitude mensongère ; de l’autre, madame D… peu ressemblante, touche du piano, et le malheur est que l’on n’entend rien. Ce portrait est le dixième que je connais… Puissé-je : connaître l’original !

Comment ai-je, le courage de t’écrire ces folies quand