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correspondance.

d’Henri iv avant qu’il fût en, bronze, et, cette année, j’espère gagner les vingt mille francs qui doivent commencer ma fortune. J’ai à faire : le Vicaire des Ardennes, le Savant[1], Odette de Champdivers (roman historique) et la Famille R’hoone, plus une foule de pièces de théâtre !

Dans peu, lord R’hoone[2] sera l’homme à la mode, l’auteur le plus fécond, le plus aimable, et les dames l’aimeront comme la prunelle de leurs yeux. Alors, le petit brisquet d’Honoré arrivera en équipage, la tête haute, le regard fier et le gousset plein ; à son approche, on murmurera de ce murmure flatteur d’un public idolâtre, et l’on dira : « C’est le frère de madame Surville ! » Alors, les hommes, les femmes, les enfants et les embryons sauteront comme des collines… Et j’aurai des bonnes fortunes en foule ; c’est dans cette vue que j’économise pour user au besoin. Depuis hier, j’ai renoncé aux douairières et je me rabats sur les veuves de trente ans. Expédie toutes celles que tu trouveras « à lord R’hoone, à Paris », cela suffit ! Il est connu aux barrières ! Nota. — Les envoyer franches de port, sans fêlure ni soudure ; qu’elles soient riches, aimables ; pour jolies, on n’y tient pas… Le vernis passe et le fond du pot reste !

Le. pauvre Édouard *** est arrêté dans les ornières de la vie ; il commence à envoyer ses gros équipages avec des jockeys en ambassade vers la plus grande souveraine de ce globe sublunaire : la Mort ! Ses acolytes, c’est-à-dire mesdames S…,  N…,  M…, dignes, quant au physique, d’être

  1. Publié sous le titre de le Sorcier (aujourd’hui le Centenaire).
  2. On sait que ce fut là un des pseudonymes de Balzac.