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correspondance.

h’a pas le temps de t’écrire, et c’est moi que l’on a chargé de cet aimable soin. Ainsi je dois t’apprendre que Laurence s’est empressée de nous écrire que depuis dix jours son enfant remuait ! Papa est toujours bien portant et s’est guéri, il y a quinze jours, d’un anévrisme à la jambe. Bonne maman me prie de te dire toutes les jolies choses qu’elle t’écrirait si cette malheureuse maladie ne prenait pas toutes ses facultés !… Néanmoins, bonne maman commence à sentir que son cerveau se desserre, et, si le printemps arrive, il y a tout lieu de croire qu’elle redeviendra gaie.

J’aurais une grande fertilité d’imagination si je trouvais des événements de famille à te raconter. Figure-toi une des journées d’autrefois, c’est une des journées d’aujourd’hui, à l’exception que nous t’avons perdue, ainsi que Laurence, et qu’il s’en faut de beaucoup que je ne vous remplace.

Il n’y a rien de nouveau dans Paris que vous ne sachiez : c’est la levée de boucliers du général Berton ; les missionnaires et la dispersion des Écoles ; l’enthousiasme pour nommer des députés libéraux ; puis Talma qui représente Bonaparte dans le rôle de Sylla et que tout le monde court voir.

Je te prie de serrer la main de ton mari et de le mettre de moitié dans toutes les tendresses que je t’envoie.

Bomme maman t’embrasse, ainsi que papa ; et maman est aux anges de ce voyage. Adieu ; je t’embrasse de tout mon cœur et je te prie de croire que mon affection n’est en rien diminuée par les distances ou par mon silence. Il y a des torrents qui mènent grand bruit et dont on trouve