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correspondance.

xvii.

à la même

Villeparisis, 1822.
Ma chère sœur,

Je t’écris aujourd’hui sur des sujets de la plus haute importance ! Il s’agit de savoir l’opinion qu’on aura de nous.

Tu crois peut-être, d’après ce début, que je m’inquiète de ce que Bayeux, Caen et la Normandie tout entière, pensent de mes belles œuvres ? Ah bien, oui ! C’est bien autrement grave !

Il est question, ma chère, du voyage de notre mère chez toi, et voici les problèmes que tu auras à résoudre dans ta réponse :

Qu’est-ce que Bayeux ? faut-il y porter des nègres, des équipages, des diamants, des dentelles, des cachemires, de la cavalerie ou de l’infanterie, c’est-à-dire des robes décolletées ou colletées ? la miso est-elle seria ou buffa ?…

Sur quelle clef chante-t-on ? sur quel pied danse-t-on ? sur quel bord marche-t-on ? sur quel ton parle-t-on ? quelles personnes voit-on ? tontaine ton ton !…

Il ne m’appartient pas d’entrer dans les profondeurs de questions si graves ; discute-les, résous-les ; de lourdes responsabilités pèsent sur toi dans un avenir très-prochain, je ne puis te le dissimuler, et je me dis ton serviteur en toute chose, excepté en celle-ci.

Maman a tant d’apprêts à faire pour ce voyage, qu’elle