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correspondance.

place, on voit une jaunasse frimousse ; c’est celle de ton très-honoré frère.

Je n’ai pas le temps de me relire, ni même d’écrire ; si tu trouves deux fois que je t’aime, ce ne sera pas assez.

Je vais finir par un tableau d’intérieur[1].

— Louise, donnez-moi donc un verre d’eau ?

— Oui, madame.

— Ah ! ma pauvre Louise, je suis bien mal, allez.

— Bah, madame !

— C’est pire que les autres années.

— Dame !… madame !..,

— La tête me fend !…

Ces mots, prononcés d’une voix éteinte, sont interrompus par ce cri :

— Louise, les volets battent, à faire éclater toutes les vitres du salon !

Je suppose que, dans ce moment, Surville a ses mains toutes prêtes pour que l’étreinte soit complète ; je pense que ce cher ingénieur est toujours gros et gras, bien portant, joyeux, chantonnant pendant qu’il travaille, mangeant vite, buvant bien, dansant d’un pied sur l’autre, ne faisant mouvoir qu’une idée à la fois, et que, pour sa petite femme, c’est un Amour, excepté qu’il n’a pas d’ailes et qu’il est armé d’un compas. Je l’embrasse bel et bien et lui souhaite la continuation de mille prospérités qui lui arriveront tôt ou tard.

honoré,
Écrivain public et poëte français à deux francs la page.
  1. Pour peindre l’état nerveux de sa mère.