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correspondance.

des mémoires particuliers qui donnent du jour sur les époques. Le roman que j’irai faire sera ou la démence de Charles vi et la faction Armagnac ou bourguignonne, ou bien la conspiration d’Amboise, ou la Saint-Barthélemy, ou les premiers temps de l’histoire de France.

Mon voyage est encore subordonné à des considérations pécuniaires très-sérieuses. Il est possible qu’au 15 de janvier, si la presse est esclave, nous fassions un journal. Si les journaux sont libres, nous ne le ferons pas. Ensuite, si notre Damné et notre Mendiant n’étaient pas faits, il faudrait les finir ; s’ils entrent en répétition, il faudra rester ici. Je vois bien des accrocs ! Si je puis trouver deux mois de libres, j’accours faire mon roman ; si je vends mon Beau Juif[1] cher, deux mille francs par exemple, je m’arrête aux romans et je suis libre, parce que six romans par an feront douze mille francs. Mais que d’anicroches !…

Veux-tu que je t’envoie l’Héritière de Birague, ou aimes-tu mieux la demander à Bayeux ou à Caen, aux libraires qui la feront venir et nous la feront vendre dans la Normandie ? Vante-la bien aux dames de Bayeux, que le libraire n’y perde pas, et signale nos romans comme de purs chefs-d’œuvre !… Je m’occuperai d’avoir l’absolution de tous tes mensonges ; certes, ce ne serait pas des mensonges si j’avais ton esprit, ta gentillesse,  etc. ! J’ai bien ta jolie petite chambre à papier écossais, ce petit lit de sangle, ce petit vent coulis de la porte à papa, mais je n’ai pas ce joli petit visage de vierge de Raphaël qui paraissait entre les draps quand mademoiselle Laure y était. À la

  1. Roman qui a paru sous le titre de l’Israélite.