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correspondance.

de la place reparaîtra ; je ne serai pas notaire toutefois, car M. T… vient de mourir. Mais je crois que M. G… me cherche sourdement une place ; quel terrible homme ! Comptez-moi pour mort si on me coiffe de cet éteignoir, je deviendrai un cheval de manège qui fait ses trente ou quarante tours à l’heure, mange, boit, dort à des instants réglés d’avance.

Et l’on appelle vivre cette rotation machinale, ce perpétuel retour des mêmes choses !…

Encore si quelqu’un jetait un charme quelconque sur ma froide existence ! Je n’ai pas les fleurs de la vie et je suis pourtant dans la saison où elles s’épanouissent ! À quoi bon la fortune et les jouissances quand ma jeunesse sera passée ? Qu’importent les habits d’acteur si l’on ne joue plus de rôle ? Le vieillard est un homme qui a diné et qui regarde les autres manger ; et moi, jeune, mon assiette est vide et j’ai faim ! Laure, Laure, mes deux seuls et immenses désirs, être célèbre et être aimé, seront-ils jamais satisfaits ?…

Tu me demandais des détails de fête et je n’ai aujourd’hui que des tristesses au cœur !

Adieu donc ; mille amitiés à Surville.

xv.

à la même.

Paris, 1822.
Ma chère sœur,

Tu sauras que je suis dans la joie parce que l’Héritière de Birague a été vendue huit cents francs, et que nous sommes sûrs du débit du premier exemplaire, puisque