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correspondance.

lorsqu’on fait tout bien, on peut avoir de l’assurance. — Il veut que Laurence soit heureuse. Le piano sera compensé par des boutons de diamants, la corbeille sera très-belle ; enfin, tout va sur des roulettes, et ce sont des roulettes à équerre.

Maman trouve que le gendre futur se conduit très-bien, très-bien : il embrasse toujours maman et n’a encore embrassé Laurence que le jour du parrainage. Au surplus, tu sauras que Laurence est faite à peindre, qu’elle a le plus joli bras et la plus jolie main qu’il soit possible de voir, qu’elle a la peau très-blanche ; qu’à l’user, on lui trouve beaucoup d’esprit ; que l’on s’aperçoit fort bien que c’est de l’esprit naturel et qu’il n’est pas encore développé. Elle a de très-beaux yeux ; quant à son teint pâle, il est une foule d’hommes qui aiment ce teint-là. Je ne fais aucun doute que le mariage ne lui aille très-bien.

Bonne maman est dans l’ivresse, papa est très-content, moi de même, toi aussi ; quant à maman, rappelle-toi les derniers jours de ta demoisellerie, et tu pourras comprendre ce que son état d’énervement nous fait endurer à Laurence et à moi. La nature entoure les roses d’épines et les plaisirs d’une foule de chagrins. Maman suit l’exemple de la nature.

« Henry est malheureux ! on tanne cet enfant-là, il ne fera rien, il faut le changer de pension, il est chez des cafards, c’est une éducation manquée ; ils retiennent les enfants, ils les accablent de punitions pour des riens, etc. »

Tu comprends que c’est maman qui parle.

J’ai en vue une petite chambre où je pourrais entrer