toujours, mais assez souvent, surtout à la fin du dîner : c’est mon habitude, et, comme nous dinons à peu près à la même heure que vous, tu peux au dessert te dire : « Honoré pense à nous. C’est un bien brave garçon que cet enfant-là ! Si l’on imprimait sa lettre, cela donnerait au moins trente pages d’impression… » Grand Dieu ! que ne l’ai-je mise dans mon roman ! cela m’eût avancé d’autant ; mais tu sais que, lorsque je t’écris, je deviens pie borgne et quitte ma taciturnité ordinaire. Puisse ma lettre t’égayer ! Fasse le ciel que tu ne sois plus triste !
Allons, adieu, sœur. Lève-toi de ta bergère pour reconduire ton frère, qui est là, à la porte de ton salon. « Tiens, comme les lampes font bien ! — Oui, n’est-ce pas ? — Ah ! la pendule est d’un bon goût ! — Allons, tu reviens diner ? Prends garde de te perdre dans Bayeux. — Bah ! vous me ferez tambouriner. — À cinq heures, toujours ! — Oui. — Eh bien, dit Surville qui me rencontre, tu vas le promener ? — Oui. — Attends moi, je vais t’accompagner… »
Quel malheur ! ce n’est qu’un songe.
Adieu donc ; je t’embrasse tendrement.
xiii.
à la même.
Il est bien difficile, en t’écrivant, de ne pas t’entretenir d’il troubadouro[1], et tu auras autant de versions que de
- ↑ Mademoiselle Laurence de Balzac était sur le point de se marier, et Honoré désignait ainsi plaisamment le futur, M. de Montzaigle.