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correspondance.

embrasser, qui crient à l’égoïsme si vous vous gardez de leurs exagérations, et ne conçoivent pas du tout un sentiment interne qui ne se manifeste que quand il le faut !

Goddam ! que d’esprit je fais là ! je ne me reconnais pas. Nous ne sommes que nous deux, laissons l’esprit et tenons-nous en à l’amitié que nous avons toujours eue l’un pour l’autre.

Dis donc, il me semble que mes pattes de mouche attrapent joliment la poste : elles lui font tort d’au moins trois feuilles de papier ; mais notre gouvernement est trop peu libéral pour que j’écrive en gros caractères. Ce n’est pas comme toi : tu fais des lettres qui ressemblent à celles des enseignes d’auberge, si ce n’est qu’elles ne sont pas moulées. Ah ! prodigue, tu aurais pu mettre trois fois plus de choses sur tes quatre pages !

Tu ne sais pas que Laurence s’était monté la tête pour Auguste de L… Ne dis rien qui puisse faire croire que j’ai trahi le secret, mais j’ai eu toutes les peines du monde à lui faire comprendre que les auteurs étaient de fort vilains partis (quant à la fortune, s’entend). Vraiment, Laurence est romanesque. Comme elle m’en voudrait, si elle savait que je parle avec tant d’irrévérence de ses amours ! Ah ! maudit argent l !.. Mais ne t’inquiète pas : si par hasard je me trouve un homme à talent, je compte en ramasser pour nous tous.

Tu pourras m’écrire encore une fois à Villeparisis avant que je parte pour la Touraine : je n’y vais que le 28 ou le 30 de juin. Je t’écrirai moi-même une ou deux fois pendant mon voyage.

Que me reste-t-il à te dire ? Que je pense à toi, non pas