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correspondance.

de mademoiselle Laure… Aujourd’hui, absence complète de troubadours.

Ah çà ! j’espère que tu nous décriras tes appartements, afin que nous puissions t’y voir tourner, trotter, ranger, fouiller, comme tu nous aperçois en idée, tournant, trottant, grouillant dans la maison. Dis-nous bien ce que c’est qu’une ville qui s’appelle Bayeux ; si on y est comme ailleurs, s’il y a des hommes, des femmes ; quel est l’habillement des indigènes, leur parler, leurs mœurs, leurs usages.

Nous avons vu hier M. Auguste Perrault, qui se plaint de ce que Surville ne lui a pas écrit un mot au sujet de ses lettres de présentation ; il demande si ton mari en a fait usage, s’il pense en recueillir de bons fruits, si…, si…, etc. Ce que je t’en dis, c’est pour ordre. Nous lui avons répondu que les premiers jours d’une arrivée en province étaient consacrés à une foule de choses qui excluent les correspondances, et que Surville était fort occupé.

Chère sœur, on m’a dit que tu m’engageais à aller te voir ; tu sais que je suis pris pour l’été, et que je t’ai promis le mois de mars prochain. Je tiendrai ma parole ; mais, pour le moment, le docteur Nacquart m’envoie en Touraine. Je ne te remercie pas moins tendrement de ton invitation ; sois bien persuadée qu’il faudra des raisons puissantes pour que je n’aille pas te tenir compagnie un petit brin.

Adieu, chère sœur ; je t’embrasse de tout mon cœur. Mes amitiés à Surville, que je mets de moitié avec toi.

Laurence réclame sa part de papier : il ne faut pas être frérâtre et lui voler ses lignes. Adieu donc !