Page:Balzac - Correspondance de H. de Balzac, 1876, tome 1.djvu/44

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
31
correspondance.

Il faut débuter par un chef-d’œuvre où me tordre le cou !… Je te supplie, par notre amour fraternel, de ne jamais me dire : « C’est bien. » Ne me découvre que les fautes ; quant aux beautés, je les connais de reste.

Si quelques pensées t’arrivent chemin faisant, écris-les en marge ; laisse les jolies, il ne faut que les sublimes.

Il est impossible que tu ne trouves pas ce plan superbe ! Quelle belle exposition ! Comme l’intérêt grandit de scène en scène ! L’incident des fils de Cromwell est admirablement trouvé. J’ai aussi inventé fort heureusement le caractère du fils de Strafford. La magnanimité de Charles ier rendant à Cromwell ses fils est plus belle que celle d’Auguste pardonnant à Cinna.

Il y a bien encore quelques fautes, mais elles sont légères et je les ferai disparaître.

J’ai tellement pris part à tout ce que tu m’écris, que je me sentais attendri comme s’il s’agissait d’un vers de Cromwell.

Pourvu que le Château[1] n’aille pas défendre ma tragédie !

Si je m’écoutais, je couvrirais une rame de papier en t’écrivant ; mais Cromwell ! Cromwell qui crie après moi ! Ce qui me coûte le plus, c’est l’exposition. Il faut que ce luron de Strafford fasse le portrait du régicide, et Bossuet m’épouvante.

Cependant, j’ai déjà quelques vers qui ne sont pas mal tournés.

Ah ! sœur ! sœur ! que d’espérances et de déceptions… peut-être !

  1. Le Château s’entendait alors pour les Tuileries.