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correspondance.

de mon vieux général Corneille. C’est mal à un jeune soldat.

viii.

à mademoiselle laure de balzac, à villeparisis.

1820.
Ma chère sœur,

Je commence par te dire que je t’aime de tout mon cœur et que je t’embrasse, de peur de l’oublier dans le courant de ma lettres je puis me vanter comme Petit-Jean et dire :

Ce que je sais le mieux, c’est mon commencement.

Ah ! Laura soror ! que j’ai de tourments ! Je ferai une pétition au pape pour la première niche de martyr vacante ! Je viens de découvrir à mon régicide un défaut de conformation, et il fourmille de mauvais vers ! Je suis aujourd’hui un vrai Pater Dolorosa. J’ai trouvé un biais qui ne me satisfait pas trop : ah ! si je suis un Pradon, je me pends ! Lorsque tu verras de mauvais vers, mets en marge : « Gare à la potence ! » Je dévore nos quatre auteurs tragiques : Crébillon me rassure, Voltaire m’épouvante, Corneille me transporte, Racine me fait quitter la plume.

Je te dirai que je suis très-fâché contre toi. Comment, mademoiselle, appeler son frère étourdi ? on l’appelle nigaud ; cela peint mieux. Au reste, je ne sais pas encore pourquoi tu m’as appelé étourdi ; je ne sais ce que le