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correspondance.

lorsque tu viendras me dire ou que tu m’écriras : « Mon frère, j’en suis à la syntaxe ; » lorsque tu sauras tout ce qui précède, comme un perroquet vert qui mange du pain trempé dans du vin, et qui a le bec affilé et blanc, et la tête rouge, alors nous verrons comment nous y prendre pour le reste. Apprends ! apprends ! apprends par cœur les types des déclinaisons, verbes, etc. ; c’est le goddam des Latins, le fond de la langue. Je n’ai pas d’autre conseil à te donner.

Dis à maman que je travaille tant, que vous écrire est mon délassement. Alors, sauf vot’respect et le mien, je vais comme l’âne de Sancho, par les chemins, broutant tout ce que je rencontre. Je ne fais pas de brouillon (fi donc ! le cœur ne connaît pas de brouillons). Si je ne ponctue pas, si je ne me relis pas, c’est pour que vous me relisiez et pensiez plus longtemps à moi. Je jette ma plume aux bêtes, si ce n’est pas là une finesse de femme !…

Mademoiselle Laure, je monte sur mes grands chevaux, je mets mon rabat et mon bonnet carré d’ainé, pour vous gronder. Comment ! méchante, à propos de l’aimable demoiselle du second, tu me rappelles la demoiselle du Jardin des Plantes ! Fi ! que c’est laid, mademoiselle ! — Laure, je ne plaisante pas, c’est sérieux. Si on lisait, par hasard, ta lettre, on me prendrait pour un Richelieu qui aime trente-six femmes à la fois. Je n’ai pas le cœur si large, et, excepté vous que j’aime à l’adoration, je n’aime d’amour qu’une seule personne à la fois. Cette Laure ! elle me voudrait voir un Lovelace ; et pourquoi, je vous demande un peu ! Si j’étais un Adonis encore !

J’ai une fluxion.