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correspondance.

reine. Il doit y régner un ton si mélancolique, si touchant, si tendre, des pensées si pures, si fraîches, que je désespère ! Il faut que cela soit sublime tout du long, dans le genre de l’Atala de Girodet en peinture. Si tu as la fibre ossianique, envoie-moi des couleurs, chère petite, bonne, aimable, gentille sœur que j’aime tant !

Adieu. Je t’embrasse et suis ton loup-garou de frère.


Tu sauras que je t’ai écrit en dinant, et qu’après avoir fini ma lettre, j’ai trouvé autour de moi une trentaine de bouchées commencées. Je vais les achever.

iv.

à m. théodore dablin

Paris, septembre 1819.

Je méditais une catilinaire à la Cicéron contre vous, petit père. Comment ! un mois sans venir lesdiguiériser, tandis que je sèche dans ma peau, que je grille de ne pas vous voir ! Ne croyez pas, au moins, méchant, que ce soit à cause de vous. Non ; l’amour de la patrie est plus fort ; je suis un Brutus en abrégé. Et les députés ? la liste des nouveaux nommés[1] ? Je ne rêve que députés et Dablin !

Au surplus, je ne me fâche pas de la rareté de vos visites : c’est signe que vous êtes bien occupé. Il paraît que vous n’allez pas souvent non plus à Villeparisis. Mais

  1. Les élections pour le renouvellement de la Chambre des députés venaient d’avoir lieu.