Page:Balzac - Correspondance de H. de Balzac, 1876, tome 1.djvu/155

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
138
correspondance.

réussit, si tu es bien de corps et d’âme ; comment va ma mère, si vous avez dès nouvelles d’Henry.

Ma mère m’a écrit un petit bout de lettre de rien du tout ; c’était court comme une lettre administrative. Moi, je n’ai pas le temps d’écrire comme je le voudrais. Si l’on savait ce que c’est que de pétrir des idées, de leur donner forme et couleur, et quelle lassitude cela produit ! toujours penser comme la Fontaine sous son arbre ! Si l’on faisait du la Fontaine encore ! Mais non, ce n’est que du Balzac ; sera-ce quelque chose ?… Comme ce doute me tourmente dans mes mauvais jours ! plus encore que mon état d’oiseau sur la branche, je t’assure ; et cependant, n’est-ce pas triste, après tant de travaux, de n’avoir encore rien dans l’avenir que l’avenir lui-même ! quel sera-t-il, Laure ? Qui peut résoudre cette question pleine d’anxiété ? Mon seul bien aujourd’hui gît dans quelques affections vraies et dévouées ; mais, les expressions n’étant pas les mêmes dans les sentiments, s’il y a des personnes avec qui je m’entends toujours, il y en a d’autres avec qui je suis moins heureux. Tu es l’une des premières, chère, bien chère sœur !

lviii.

à m. urbain canel, libraire éditeur, à paris.

Saché, 25 novembre 1831.

Mon cher Canel,

J’ai déjà répondu à Rabou relativement aux deux volumes ; et aujourd’hui part pour lui un conte sur le