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correspondance.

le seul triomphe que j’ambitionne, car vous vous tromperiez si vous me supposiez autrement que solitaire, vivant de la pensée et jaloux d’être compris par les femmes.

Agréez, madame, mes plus respectueux hommages.


P.-S. — De pressants travaux ne m’ont pas permis de vous répondre à loisir. En relisant ma lettre, je m’aperçois qu’elle pourrait être mieux ; que je devais vous dire tout autre chose, vous remercier de l’intérêt que vous me marquez et qui sera un des plus touchants épisodes de ma vie littéraire ; mais, si je l’envoie, c’est vraiment pour vous prouver le peu d’apprêt et le naturel d’une âme assez dissemblable de celle dont mes livres me donnent l’apparence aux yeux de bien des gens.

lvii.

à madame laure surville, à champrosay.

Saché, 23 novembre 1831.
Ma bonne sœur,

Je t’envoie une lettre que madame Carraud a mise pour toi dans la mienne : cela me procure le plaisir de t’écrire. Il y a des instants où nous sommes si heureux de pouvoir nous réfugier dans un cœur à nous depuis l’enfance ! Je commence déjà à regarder en arrière ! Aujourd’hui, je suis tout triste, sans savoir pourquoi. Je me suis figuré qu’il y avait quelque sympathie là-dessous et qu’un de ceux que j’aime était malheureux. Je voudrais bien être rassuré, savoir où vous on êtes tous ; si mon cher Surville