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correspondance.

dinaire ! c’est que je n’ai pas encore une seule fois ouvert mon sucrier…

Comme j’enfantille ! Mais, que veux-tu ! je ne t’écris pas une lettre méditée : je laisse aller mon esprit, et je bats la campagne.

Ne t’étonne pas si je t’écris sur une moitié de feuille, avec une mauvaise plume, et si je te dis des bêtises : il faut que je retrouve mes dépenses, et j’économise sur tout, même sur mon écriture et sur mon esprit, comme tu vois.

Je suis fâché de n’avoir pas le temps d’écrire à Laurence[1], que j’aime, dirai-je autant que toi ?.. eh bien, oui, autant que toi !

Adieu, ma chère bonne sœur. Je t’embrasse de tout mon cœur.

ii.

à m. théodore dablin[2], négociant, à paris.

Paris, septembre 1819.
Perfide petit père,

Il y a seize grands jours que je ne vous ai vu ; c’est mal, cela ! et moi qui n’ai que vous pour consolation. C’est là un trait des plus noirs.

Sans rancune, je vous attends dimanche matin ; four-

  1. Laurence de Balzac sa seconde sœur.
  2. M. Dablin, lié avec la famille Balzac, fut un des plus fidèles amis d’Honoré, qu’il aida souvent de ses conseils et de sa bourse. C’était un riche quincaillier de la rue Saint-Martin, ayant des goûts d’artiste et un cœur généreux. Lorsqu’il se fut retiré du commerce, M. Dablin