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correspondance.

liii.

à la même.

Paris, jeudi, 1831.

Je suis revenu de la manière la plus malheureuse. J’ai attendu une demi-heure à la porte de Versailles, et alors j’ai vu poindre dans l’avenue un malheureux coucou, qui n’a pu me transporter qu’à Sèvres. À Sèvres, j’ai espéré pouvoir rencontrer un second coucou, et j’ai cheminé vers Paris à la lueur de ces belles et magnifiques étoiles que vous contempliez, et, comme vous, j’ai joui de ce silence imposant qui remplit l’âme. Mais je marchais ! Enfin, devers Auteuil — et, là, je pensais au pavillon mystérieux, — j’ai derechef entendu le bruit salutaire et nasillard d’un autre coucou, qui m’a jeté à minuit sur la place Louis xv ; et, faute de voiture, je me suis servi de mes pauvres pattes pour regagner mon logis.

En entrant dans mon lit, je me suis avoué à moi-même que le quart d’heure de plus passé sur votre fenêtre compensait toutes ces tribulations, et, comme je me suis endormi à près de deux heures et demie, je m’étais flatté de cette vague ressemblance entre nous, à savoir que vous dormiez aussi peut-être, et vous m’écrivez que vous avez souffert :

Ici, ce matin, l’on m’a donné votre dernière lettre. Je ne vous en dirai rien ; celle que je reçois à l’instant m’a tout à fait remué le cœur. Vous souffrez, dites-vous, et sans avoir l’espoir de revivre dans un beau matin. Songez donc que, pour l’âme, il y a des printemps et de fraîches