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correspondance.

Cambrai m’a suggéré l’idée de m’y présenter comme candidat. — Ouf ! tout est dit. Alors, vous allez vous écrier : « Ce vil flatteur !… » Entre deux journalistes, toute finesse est, je crois, inutile, et le contrat que je signe avec vous en ce moment est d’une étendue que je ne méconnais pas. Je commencerai par faire assez pour vous, ici, pour que vous me pilotiez là-bas.

En ce qui vous concerne, je vous prierai de tenir tout prêt quelque article dans lequel vous mettiez toutes voiles dehors ; je vous dirai confidentiellement, sans faire la croix, d’arrondir votre pensée et vos périodes, de donner je ne sais quel vernis à vos phrases, d’opposer des phrases courtes à des phrases cicéroniennes, etc., et de jeter de la poésie et de l’observation dans quelques sujet neuf.

Vous verrez dans six semaines pourquoi je vous demande de tenir cela prêt.

Maintenant, quant à moi, écrivez-moi quelle espèce d’ouvrage politique pourrait appuyer ma candidature à Cambrai. L’Assemblée future peut être fort orageuse ; elle est grosse d’une révolution. Il est possible que les gens de votre arrondissement préfèrent voir au jeu une tête parisienne plutôt que les leurs ; une ville aime toujours assez à se voir représentée par un orateur, et, si j’aborde l’Assemblée, c’est avec la pensée de jouer un rôle politique et d’en faire profiter la patrie adoptive dans laquelle j’aurai reçu le baptême politique de l’élection. Tous mes amis de Paris fondent, à tort ou à raison, quelques espérance sur moi. J’aurai pour appui : vous, si cela entre dans vos vues, la Revue de Paris, le Temps, les Débats,