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correspondance.

xlv.

à m. henry berthoud, à cambrai.

Paris, juin 1831.
Mon cher Berthoud,

Vous avez dû quitter Paris avec une bien mauvaise opinion de moi ; car, quoique j’aie été fidèle au second rendez-vous pour aller chez Véron, je ne parais pas avoir mis de persistance à vous chercher ; le fait est que je suis parti le lendemain pour un petit voyage.

Vous ne savez pas dans quelle bagarre se trouve votre article. Véron a envoyé au diable la Revue, comme on pousse une échelle après s’en être servi pour grimper sur un mur. Cette pauvre Revue est tombée aux mains de M. Rabou. Véron m’a promis que celui-ci viendrait me voir. Je l’ai relancé (Véron) au milieu d’une répétition de Paganini pour lui parler du Prestige[1]. Il ne se souvenait plus de vous, le barbare !… J’ai dit à Véron que je le priais d’influencer Rabou, et, quand je l’ai instruit de l’intérêt mercantile que je vous portais (vous verrez plus bas), il a souri et j’ai bien auguré de sa grimace. Aussi je m’engage à vous faire lire votre article prochainement dans la Revue et à vous faire écrire par Rabou, ou je ne serai qu’un sot.

Vous allez voir, du reste, avec quelle fidélité je suis obligé de faire vos affaires. Ce que vous m’avez dit de

  1. Nouvelle de Henry Berthoud, qui dirigeait alors la Gazette de Cambrai et désirait collaborer à la Revue de Paris.