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correspondance.

à la Trinité, vous n’avez pas répondu à votre très-humble serviteur. Il est vrai que ma lettre vous a été adressée au no 240. Je baise votre ergot de diable afin d’obtenir un petit mot de réponse.

Je suis en ce moment à cheval sur un crime, et je mange, je me couche dans l’Auberge rouge, de manière à donner, mardi matin, à mon débotté, le premier paragraphe à notre ami Foucault, un joli petit manuscrit fait à la campagne, une copie sans ratures, léchée, pourléchée, coquettement corrigée… Ah ! ah ! je ne voudrais pas tromper mon ami Gosselin et donner un coup de canif dans sa Peau de chagrin pour Sa Majesté Frédéric-Guillaume.

Ayez la bonté d’écrire « à M. Balzac, à Nemours (Seine-et-Marne), bureau restant », un petit mot caressant comme la patte d’une maîtresse et qui me dise oui ou non.

Je sais bien, traître de directeur, que vous me direz oui à tout hasard, quitte à me repousser de dimanche en dimanche, comme une fête que le pape est embarrassé de mettre dans le calendrier. Mais, je vous en supplie, te imprecor ! par les mânes de je ne sais qui, ne vous jouez pas de ma crédulité de romancier, dites-moi vrai, si jamais directeur de marionnettes le dit…

Si vous étiez un ami, vous auriez la complaisance de me faire une petite recherche dont j’ai besoin pour l’Auberge rouge ; à savoir en quel mois, en quelle année, et sous quel général républicain les Français ont pénétré, au commencement de la Révolution, en Allemagne, à Dusseldorf, ou plus loin ; et quel corps.

Je suis ici sans un pauvre livre, seul, dans un pavillon au fond des terres, vivant avec la Peau de chagrin, qui,