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correspondance.

digne du sujet que vous avez traité. Vous y dites de fort belles et fort magnifiques choses sur le peuple et sur ses instincts et ses goûts artistiques. Votre appel sera entendu sans doute et aussi ce que vous demandez, qu’on équipe une flotte qui nous rapporte les cendres de l’empereur.

À propos de cette installation de la statue impériale, vous parlez de l’exil de la famille Bonaparte. Dieu me garde, monsieur, de toute mauvaise pensée qui pourrait vous froisser ! Mais cet exil, pour lequel vous voulez le respect sans doute, n’eût-il pas dû vous conseiller le respect de cet exil plus récent, du moins en ce qui concerne les reproches aux personnes, reproches que je pourrais appeler dynastiques ? Cet exil de la famille de Napoléon, je voudrais le voir cesser, monsieur ; mais je trouverais injuste qu’elle accusât les Bourbons de tout ce qui s’est passé en 1815. Les temps de troubles permettent aux scélérats de tout ordre et de toute nuance de se livrer à leurs vilenies et à leurs scélératesses, et ils en profitent.

Je terminerai cette lettre, déjà trop longue, en formant un désir : c’est que nous n’en arrivions jamais au remède héroïque par lequel vous avez terminé votre poème. Nous avons eu assez de grandes guerres ; je crois que le temps des grandes paix est arrivé, nonobstant les avis contraires des politiques qui prennent pour vérités leurs rêveries et ne consultent jamais les nécessités populaires.

Agréez, monsieur, l’hommage des sentiments avec lesquels j’ai l’honneur d’être votre dévoué serviteur.