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correspondance.

Les gens les plus forts du National, du Globe, du Temps disent que, si le duc de Broglie n’existait pas, il faudrait l’inventer. Mais, sans vouloir défendre les idées que j’ai exprimées, permettez-moi de vous dire en peu de mots le système de gouvernement auquel se rapportera ma vie entière. C’est une profession de foi aussi invariable que possible ; c’est en un mot ma conscience politique, mon plan et ma pensée, pour laquelle j’ai droit à tout le respect que j’accorde aux autres opinions ; ma vie politique sera entièrement consacrée au triomphe de cette pensée, à ses développements, et, quand je parle sérieusement sur l’avenir de mon pays, il n’y a ni écrit ni parole qui ne s’y rapporte.

La France doit être une monarchie constitutionnelle, avoir une famille royale héréditaire, une chambre des pairs extraordinairement puissante, qui représente la propriété, etc., avec toutes les garanties possibles d’hérédité et des priviléges dont la nature doit être discutée ; puis une seconde assemblée, élective, qui représente tous les intérêts de la masse intermédiaire, qui sépare les hautes positions sociales de ce qui s’appelle le peuple.

La masse des lois et leur esprit doit fendre à éclairer le plus possible le peuple, les gens qui n’ont rien, les ouvriers, les prolétaires, etc., afin de faire arriver le plus possible d’hommes à l’état d’aisance qui distingue la masse intermédiaire ; mais aussi le peuple doit être laissé sous le joug le plus puissant, de manière que ses individus trouvent lumière, aide et protection, et qu’aucune idée, aucune forme, aucune transaction ne le rende turbulent.

La plus grande liberté possible à la classe aisée ; car