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correspondance.

xxxix.

à la même.

Paris, samedi matin, (fin de 1830).
Madame,

J’ai reçu votre lettre, et, toute grondeuse qu’elle est, elle m’a fait plaisir, puisqu’elle prouve tout l’intérêt que vous prenez à moi. Sans chercher à vous démontrer combien il est peu généreux de juger un édifice par une pierre, de m’accuser à propos d’une opinion qui doit être formulée comme le veulent les abonnés d’un journal, et de ne pas séparer en moi l’ouvrier et l’homme, je vous avouerai que mes Lettres sur Paris disent avant tout la vérité sur les hommes et les choses, et qu’elles sont destinées à représenter moins une opinion qu’un tableau exact des mouvements politiques et des idées qui se combattent.

À part la nécessité d’esquisser ce portrait, il y a des pensées due aux ministres et aux gens qui font le gouvernement. Si vous avez cru que c’était moi, vous vous trompiez : ce sont les hommes que vous voulez voir aux affaires qui parlent ainsi. Telle phrase, telle pensée est due aux gens les plus influents. J’avoue franchement que je ne conçois pas qu’on puisse accepter le gouvernement représentatif sans la lutte d’opinions qu’il consacre. La tempête qui existe aujourd’hui existera toujours. Vous prenez le mouvement même du gouvernement pour les malheurs du gouvernement.

Votre observation sur l’usurpation est bien singulière !