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correspondance.

ceux, parmi les patriotes, pour lesquels le mot patrie n’est rien, est bien grand ! Personne ne veut l’unir aux principes mitoyens dont je vous ai tracé en deux mots le plan constitutif, Nous sommes entre les exagérés du libéralisme et les gens de la légitimité, qui vont s’unir pour renverser.

Ne m’accusez pas de non-patriotisme parce que mon intelligence me sert à faire le décompte exact des hommes ct des choses. C’est s’irriter d’une addition qui vous démontre le malheur d’une fortune à chaque révolution. Le génie gouvernemental consiste à opérer une fusion des hommes et des choses ; et voilà ce qui a fait de Napoléon et de Louis xviii deux hommes de talent. L’un n’a pas été compris, et l’autre s’est compris tout seul. Tous deux ont contenu en France tous les partis, l’un par la force, l’autre par la ruse, parce que l’un montait à cheval et l’autre en voiture. Aujourd’hui, nous avons un gouvernement sans plan, pour notre malheur. Cet état de choses me ruine et m’enlève chaque jour ne espérance. Ainsi, voyez si je ne suis pas pour la consolidation des choses ! Oh ! si vous étiez à Paris, au milieu des hommes et des affaires, votre politique de solitude changerait bientôt. Vous ne seriez pas une minute sans être froissée.

Adieu, madame ; comptez en tout temps sur mon affection sincère et sur un cœur dont la plus douce étude est de vous comprendre.

Mille amitiés au capitaine et à M. Carraud.