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CORRESPONDANCE




i.

à mademoiselle laure de balzac[1], à villeparisis (seine-et-marne).

Paris, 12 avril 1819

Tu veux, ma chère sœur, des détails sur mon emménagement[2] et ma manière de vivre, en voici !

J’ai répondu à maman elle-même sur les achats ; mais tu vas frémir, c’est bien pis qu’un achat : j’ai pris un domestique !

— Un domestique ! Y penses-tu, mon frère ?

Oui, un domestique. Il a un nom aussi drôle que celui du docteur Nacquart[3] : le sien s’appelle Tranquille ; le mien s’appelle Moi-Même. Mauvaise emplette vraiment !… Moi-Même est paresseux, maladroit, imprévoyant. Son maître a faim, a soif : il n’a quelquefois ni pain ni eau à lui offrir ; il ne sait pas même le garantir contre le vent, qui souffle à travers la porte et la fenêtre comme Tulou dans sa flûte, mais moins agréablement.

  1. Les Proscrits et un Début dans la vie lui sont dédiés.
  2. Rue Lesdiguières, no9, près de l’Arsenal.
  3. Le Lys dans la vallée est dédié au docteur Nacquart.