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correspondance.

vivre à la grande, qui comprennent l’affection et ne la fassent pas consister en visites, cérémonies, souhaits et autres fariboles de ce genre ; il pousse la bizarrerie jusqu’à recevoir un ami qu’il n’a pas vu depuis longtemps, comme s’il était venu la veille.

Cet étourdi peut oublier le mal qu’on lui a fait, jamais le bien ! Il le graverait sur l’airain si son cœur en contenait !

Quant à ce que les indifférents peuvent penser et dire de lui, il s’en soucie comme du sable qui s’attache à ses pieds ! il tâche d’être quelque chose, et, quand on bâtit un monument, on s’inquiète peu de ce que les effrontés écrivent sur les barrières.

Ce jeune homme, tel que je vous le dépeins, vous aime, chère sœur, et ces mois seront compris de celle à qui je les adresse.

xxxv.

à M. théodore dablin, propriétaire, à paris.

Paris, 1830.
Mon cher Dablin,

Ma sœur m’a dit hier que vous étiez venu la voir, et vous vous êtes souvenu de quelques expressions vives qui me sont échappées dans la dernière visite que je vous ai faite, et qui avait pour objet de vous prier de prendre une garantie que je crois nécessaire, au cas où un accident m’enlèverait. Si quelqu’un peut recevoir des éclaboussures d’une colère purement artiste, c’est assurément un vieil ami qui m’a connu avant 1817, et qui m’est venu voir rue Lesdiguières quand je souffrais mon premier martyre ;