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correspondance.

xxxiv.

à madame laure surville, à champrosay.

Paris, 1830.

Il est venu jusqu’à moi que ma chère sœur avait écrit que « Honoré semblait ne pas exister pour Champrosay ».

J’ai sous les yeux vos gronderies, madame ; il vous faut encore, je le vois, quelques renseignements sur le pauvre délinquant.

Honoré, chère sœur, est un étourdi criblé de dettes sans avoir fait une seule bamboche, prêt quelquefois à se frapper la tête contre le mur, quoiqu’on ne lui accorde pas de tête !…

Il est en ce moment prisonnier dans sa chambre avec un duel sur le corps : il faut qu’il tue une demi-rame de papier et la transperce d’une encre assez passable pour mettre sa bourse en joie et liesse.

Cet étourdi a du bon ; on le dit insouciant et froid ; ne le croyez pas, sœur chérie ! il a un cœur excellent et il est prêt encore à rendre service à chacun, si ce n’est que, n’ayant pas crédit chez messer Chaussepied, il ne peut plus courir comme jadis pour les uns et pour les autres ; on le lui impute à mal, comme on criait après Yorik pour avoir acheté le brevet de la sage-femme !…

En fait de tendresses, il est en fonds et sûr de rendre au double tout ce qu’il recevras ; mais il est ainsi fait, qu’un mot sévère ou blessant efface tout ce qu’il a de joie en l’âme, tant il est susceptible pour tout ce qui est délicatesse de sentiment ! Il lui faut des cœurs qui sachent