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correspondance.

ciance pour prévoir, trop de vivacité pour mentir.

L’amitié que vous daignez m’offrir, madame, est une chimère que je poursuis toujours, malgré les fréquents désappointements qui me sont échus. Depuis le jeune âge, au collège, j’ai cherché non pas des amis, mais un ami. Je suis de l’avis de la Fontaine et je n’ai point encore trouvé ce qu’une imagination romanesque et exigeante me montre sous de si brillantes couleurs, Le phénomène de l’amitié s’explique toujours à mes yeux par une comparaison physique ; il faut en quelque sorte que deux êtres aient le temps de s’attacher l’un à l’autre par des accidents d’âme, comme ces insectes qui ne tendent leur toile qu’après avoir été sonder chaque fois le terrain pour chaque fil qu’ils posent, et encore y reviennent-ils à plusieurs reprises ; mais il y a aussi, j’aime à le croire, certaines âmes qui se sentent et s’apprécient d’un seul jet.

Votre proposition, madame, est si belle, si flatteuse, que je n’ai garde de retirer ma main.

xxxi.

à M. alphonse levavasseur, libraire éditeur, à paris.

Paris, novembre 1829.
Mon pauvre et malheureux éditeur !

La plus belle fille du monde ne peut donner que ce qu’elle a. Je travaille toute la journée à la Physiologie du Mariage, je ne donne que six heures de nuit (de neuf