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LE PÉCHÉ VÉNIEL.

portoyt gentement sur son poing mignon, tousiours en chasse. Ce que avoyt voulu le senneschal. Mais, à ce pourchaz, Blanche gaignoyt ung appétit de nonne et de prélat, c’est-à-dire, voulant procréer, aiguizant ses forces, et ne bridant guères sa faim, quand, au retour, elle se degressoyt les dents. Aussy, force de lire les légendes escriptes par les chemins, et de dénouer par la mort les amours commencées des oiseaulx et des bêtes faulves, elle feit ung mystère d’alquemie naturelle, en coulorant son tainct et superagitant ses esprits nutritifs ; ce qui pacifioyt peu sa nature guerrière et chatouilloyt fort son dezir, lequel rioyt, prioyt et frétilloyt de plus belle. Le senneschal avoyt cuydé désarmer le séditieux pucelaige de sa femme, en le faisant s’esbattre aux champs ; mais sa fraude tournoyt à mal, car l’amour incogneu qui circuloyt dans les veines de Blanche sortoyt de ces assaults