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CONTES DROLATIQUES.

lequel, au retourner des champs en sa maison, amassoyt de cy, de là, force buschettes ou bois laissez à dextre et à senestre, disant en toute conscience que il ne faut iamais arriver au logiz les mains vuydes. Par ainsy se chauffioyt en hyver aux despens des oublieux, et faisoyt bien. Ung chascun recogneut quel bon enseignement ce estoyt pour le pays, veu que, ung an devant sa mort, aulcun ne laissoyt plus de bois par les routes ; il avoyt contrainct les plus dissipez à estre mesnaigiers et rengez. Ains son fils bouta tout par escuelles et ne suyvit point ces saiges exemples. Son père avoyt prédict la chouse. Dès le bas aage de ce gars, quand le bon homme Tryballot le mettoyt à la guette des oyseaulx qui venoyent mangier les pois, les fèves et aultres graines, à ceste fin de chasser ces larrons, surtout les geays, qui conchioyent tout, luy les estudioyt et prenoyt plaisir à considérer en quelle graace ils alloyent, venoyent, s’en retournoyent chargiez et revenoyent en espiant d’ung œil esmerilloné les tresbuchets ou lacs tendus, et rioyt moult, voyant leur adresse à les éviter. Le père Tryballot se choleroyt, treuvant deux et souvent trois septerées de la bonne mesure en moins. Ains, encores qu’il tirast les aureilles à son gars en le prenant à niaiser soubz ung couldre, le drolle s’estomiroyt tousiours et revenoyt estudier l’industrie des merles, passe-