fossé, se veit excommunié des gens de bien, n’ayant pour amys
que les saccageurs de pays et les lombards. Mais les usuriers
devinrent bien tost resches comme des bogues de chastaignier,
quand il n’eut plus à leur bailler d’aultres gaiges que sa dicte
seigneurie de la Roche-Corbon, veu que la Rupes Carbonis relevoyt du Roy notre sire. Alors Bruyn se treuva en belle humeur
de descliquer des coups à tors
et à travers, casser les clavicules
aux aultres et chercher noise à
tous pour des vétilles. Ce que
voyant, l’abbé de Marmoustiers,
son voisin, homme libéral en
paroles, luy dit que ce estoyt
signe évident de perfection seigneuriale,
qu’il marchoyt dans
la bonne voye, mais que, s’il
alloit desconfire, à la gloire
de Dieu, les Mahumetistes qui
conchioyent la Terre-Saincte,
ce seroyt mieulx encores, et que il reviendroyt sans faulte, plein
de richesses et d’indulgences, en Touraine, ou en paradiz, d’où
tous les barons estoyent sortis iadis.
![Gustave Doré Contes drolatiques page 30 bas](http://upload.wikimedia.org/wikipedia/commons/thumb/a/ab/Gustave_Dor%C3%A9_Contes_drolatiques_page_30_bas.jpg/450px-Gustave_Dor%C3%A9_Contes_drolatiques_page_30_bas.jpg)
Ledict Bruyn, admirant le grand sens du prélat, se despartit du pays, harnaché par le monastère et bény par l’abbé, à la ioye de ses voisins et amys. Lors il mit à sac force villes d’Asie et d’Affricque, battit les mescréans sans crier gare, escorchia les