Page:Balzac - Contes drolatiques.djvu/339

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
311
LA CHIÈRE NUICTÉE D’AMOUR.

de Guyse, que, pendant le combat, nul n’avoyt entendus mettre tout à sac dedans l’hostellerie en y querant le sieur Avenelles. Ces souldards, advertis soubdain par ung cry des paiges du seigneur enlassé, baillonné, quasi tué, se iectèrent entre l’homme au poignard et les amans, le désarmèrent, puis accomplirent leur charge en l’arrestant et le menant en la prison du chasteau, luy, sa femme et la douegna. Sur ce, les gens de messieurs de Guyse, recognoissant ung amy de leurs maistres, dont en ce moment la Royne estoyt en peine pour délibérer, et qu’il leur estoyt enioinct de mander au Conseil, le convièrent à venir avecques eulx. Lors, en soy vestant, le gentilhomme, tost délié, dit à part au chief de l’escorte : Que sur sa teste, pour l’amour de luy, il eust soing de tenir le mary loing de la femme, luy promettant sa faveur, bon advancement, et mesmes force deniers, s’il y avoyt cure de luy en ce poinct. Puis, pour plus grant fiance, il luy descouvrit le pourquoy de ceste chouse, adiouxtant que, si le mary se treuvoyt à portée de ceste gentille femme, il luy bailleroyt, pour le seur, une ruade au ventre, dont elle ne reviendroyt iamais. En fin de tout, lui commanda de bouter dedans la geosle du chasteau la dame, en ung endroict plaisant, au rez des iardins, et l’advocat en ung bon cachot ; non