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CONTES DRÔLATIQUES.

bines, une diablesse en qui s’est retiré tout l’engin de la femelle. Ie vouloys, une foys en ta vie, toy qui ne has iamais eu grant goust aux saulces de l’amour et ne resves que de guerre, te bailler à cognoistre les absconses merveilles du guallant déduict veu que il est honteux à ung homme qui est à moy de mal servir une gente femme.

Sur ces dires, d’Hocquetonville s’attabla pour complaire au prince en ce qui luy estoyt licite de faire. Doncques, tous de rire, tenir ioyeux devis et fourraiger les dames en paroles. Puis, suyvant leurs us, se confessèrent leurs adventures, bonnes rencontres, n’espargnant aulcune femme, fors les bien aymées trahissant les fassons espéciales de chascune ; d’où s’ensuyvit de bonnes petites horribles confidences qui croissoyent en traistrise et paillardise à mesure que descroissoyent les pots. Le duc, gay comme ung légataire universel, de poulser ses compaignons, disant faulx pour cognoistre le vray ; et les compaignons de aller au trot vers les plats, au galop vers les pots, et d’enrouler leurs ioyeulx devis. Ores, en les escoutant, en s’empourprant, le sire d’Hocquetonville se deshouza, brin à brin, de ses restivetez. Maulgré ses vertus, il s’indulgea quelques dezirs de ces chouses et desboula dedans ces impuretez comme ung sainct qui s’englube en ses prières.

Ce que voyant, le prince, attentif à satisfaire son ire et sa bile, se print à luy dire en iocquetant :

— Hé ! par sainct Castud ! Raoul, nous sommes tous mesmes testes en ung bonnet, tous discrets hors de table. Va, nous n’en