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LA FAULSE COURTIZANE



Ce que aulcuns ne sçavent point est la vérité touchant le trespassement du duc d’Orléans, frère du roy Charles sixiesme, meurtre qui advint par bon numbre de causes, dont une sera le subiect de ce conte. Cettuy prince ha esté, pour le seur, le plus grant et aspre paillard de toute la race royale de monseigneur sainct Loys, qui feut, en son vivant, roy de France, sans mettre néantmoins hors de concours aulcun de ceux qui ont esté les plus desbauchez de ceste bonne famille, laquelle est si concordante aux vices et qualitez especiales de nostre brave et rigolleuse nation, que vous inventeriez mieulx l’enfer sans monsieur Satan que la France sans ses valeureux, glorieux et rudes braguards de Roys. Aussy riez-vous autant des regrattiers de philosophie qui vont disant : « Nos pères estoyent meilleurs ! » que des bonnes savattes philanthropicques, lesquelles prétendent les hommes estre en voye de perfection. Ce sont tous aveugles, lesquels n’observent point le plumaige des huistres et le cocquillage des oyseaulx, qui