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CONTES DROLATIQUES.

de Poissy, que ceste belle devint tost madame de Genoilhac. Les nopces se célébrèrent en l’archevesché de Paris, où il y eut ung festin de qualitez et une table bordée de dames de hault lignaige, beau monde de la Court, où l’espousée parut la plus belle, veu que il estoyt seur que elle feust pucelle, l’archevesque se portant guarant de sa fleur.

Lorsque les fruicts, compotes et pastisseries, feurent, avecques force ornemens, sur la nappe, Saintot dit à l’archevesque : — Monseigneur, vos bien-aymées filles de Poissy vous envoyent ung beau plat pour le milieu.

— Plantez-le ! feit le bon homme en admirant le hault édifice de veloux, de satin, brodé de cannetilles et babans en manière de vase anticque, dont le couvercle exhaloyt odeurs superfines.

Aussytost l’espousée, le descouvrant treuva sucreries, dragées, massepains et mille confictures délicieuses dont se resgallèrent les dames. Puis une d’elles, quelque dévote curieuse, apercevant une aureillette en soye et l’attirant à elle fait veoir à l’aër l’habitacle de la boussole humaine, à la grant confusion du prélat, veu que mille rires esclatèrent comme une escopetterie sur tous les bancs.

— Bien en ha-t-on faict le plat du milieu, feit le marié. Ces damoiselles sont de saige entendement. Là sont les sucreries du mariaige.

Y-a-t-il meilleures moralitez que ce que ha dict monsieur de Genoilhac ? Aussy point n’en fault aultre.




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