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CONTES DROLATIQUES.

les amys qu’il rencontre en chemin, festant le piot chez les cabaretiers en faisant veoir bien des chouses à la braguette de l’archevesque, laquelle put s’instruire en ce voyaige. Brief, il arrive au moustier de Poissy, et dict à l’abbesse que son maistre l’ha envoyé devers elle pour luy remettre cecy. Puis, le varlet s’en va, laissant à la révérende mère le vestement habitué à modeler en relief les proportions archiépiscopales de la continente nature du bon homme, selon la mode du temps, oultre l’imaige de ces chouses dont le Père éternel ha privé ses anges, et qui ne péchoiyent point par ampleur chez le prélat. Madame l’abbesse ayant advisé les sœurs d’un prétieux messaige du bon archevesque, elles vindrent en haste, curieuses et affairées comme fourmys en la respublicque desquelles tombe une bogue de chastaigne. Lors, au despacqueter de la braguette, qui s’entrebailla trez-horrificquement, elles s’esclamèrent, se voilant les yeulx d’une main, en appréhension de veoir yssir le diable, l’abbesse ayant dict : « Mussez-vous, mes filles : cecy est la demeure du péché mortel. »

La mère des novices coulant ung resguard entre ses doigts, raffermit le couraige du sainct clappier en iurant par ung ave que aulcune beste vivante n’estoyt logiée en ceste braguette. Lors, toutes rougirent à leur aise en considérant cet Habitavit, songiant que peut-estre la voulenté du prélat estoyt que elles y descouvrissent quelque saige admonition ou parabole évangélicque. Ores, encores que ceste veue feist certains ravaiges au cueur de ces trez-vertueuses filles, elles ne tinrent aulcun compte des tres-