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CONTES DRÔLATIQUES.

tozt. Et à ce personne ne trouvoyt rien à redire, pour ce qu’il n’estoyt point séant de soubçonner les relicques. A l’umbre de sa soutane, le bon prebstre eut la meilleure des renommées, celle d’ung homme vaillant soubz les armes. Aussi vescut-il comme ung roy ; battant monnoye avecques son goupillon, et transmuant l'eaue benoiste en bon vin. De plus, il estoyt couchié parmy tous les et cætera des notaires ez testamens, ou dans les caudiciles, que aulcuns ont escript CODICILE faulsairement, veu que le mot est issu de cauda, comme si disiez la queue des legs. Finablement le bon frocquart eust esté faict archevesque, s’il eust seulement dict par raillerie : — Ie vouldroys bien mettre une mitre pour couvrechief, affin d’avoir plus chaud à la teste. Ains, de tous les benefices à luy offerts, il n’esleut qu’ung simple canonicat, pour se réserver les bons proufficts de ses confessades. Mais ung iour le couraigeux chanoine se trouva foible des reins, veu qu’il avoyt bien soixante huict ans ; et, de faict, avoyt usé bien des confessionnaulx. Alors, se ramentevant toutes ses bonnes œuvres, il crut pouvoir cesser ses travaulx apostolicques, d’autant qu’il possédoyt environ cent mille escuz, gaignez à la sueur de son corps. Dès ce iour il ne confessa plus que les femmes de hault lignaige, et trez bien. Aussy disoyt-on à la court que, maulgré les efforts des meilleurs ieunes clercs, il n’y avoyt encores que le chanoine de Sainct-Pierre aux Bœufs pour bien blanchir l’âme