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LA MYE DU ROY.

aiustements nuptiaulx, attendit patiemment que le bon mary, dont elle n’avoyt rien voulu, se destournast du logiz pour l’affaire d’ung client, et tost devalla par la ville, cherchant le roy. Mais elle n’alla point si loing que le gect d’une arbaleste, pour ce que ledict seigneur Roy avoyt mis en guette ung sien serviteur qui tortilloyt autour de l’hostel, et, de prime abord, dit à la mariée, qui estoyt encores cadenassée :

— Ne querez-vous point le Roy ?

— Oui, feit-elle.

— Eh bien, ie suis vostre meilleur amy, reprint le fin homme et subtil courtizan ; ie vous demande vostre ayde et protection, comme ie vous donne meshuy la mienne…

Là-dessus, il luy dit quel homme estoyt le Roy ; par quel costé il debvoyt estre prins ; qu’il faisoyt raige ung iour, l'aultre ne sonnoyt mot ; et comme estoyt cecy, et comme cela ; qu’elle seroyt bien appoinctée, bien fournie ; mais qu’elle tinst le Roy en servaige : brief, il cacquetta si bien durant le chemin, qu’il en feit une pute parfaicte pieçà qu’elle entrast dans l’hostel de l'Hirundelle, où feut depuis madame d’Estampes. Le paouvre mary ploura comme ung cerf aux aboys, lorsque plus ne veit sa bonne femme en son logiz, et devint d’ordinaire mélancholicque. Ses confrères luy feirent autant de hontes et mocqueries que