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laisse l’honneur à la porte, heureux quand on le reprend en sortant. Autour d’une longue table on voit une foule d’êtres à la mine have, décharnée, semblables aux ombres du Dante, le cou tendu, la figure inquiète, les yeux fixés sur un tapis, des numéros, des cartes auxquels ils confient leur fortune. L’argent que l’on jette sur cette table fatale perd en y tombant le dixième de sa valeur ; les chances sont combinées de telle sorte que le fermier des jeux doit toujours gagner. Ce gain assuré, cette chance inégale caractérisent un vol ; et ce droit de vol, le fermier des jeux l’acheta dix millions : pour dix millions il peut impunément dépouiller l’homme sans défiance, corrompre le jeune inexpérimenté, plonger dans le vice et le crime l’imprudent que séduit un appât trompeur.

Mais la ferme des jeux ne se contente pas de vous enlever tout ce que vous possédez d’argent ; elle vous provoque, vous sollicite. Un Mont-de-Piété clandestin, un