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on lui apporte, comme à un ministre, sa signature, car les clercs appellent cet acte clérical « aller à la signature » ; on lui apporte tous les actes de broutille, toutes les expéditions, et alors le jeune avoué, sans lire un mot, signe une centaine d’actes, et s’écarquille les yeux en admirant ces diables de clercs qui ont déjà abattu tant d’ouvrage ; mais il s’applaudit in petto, car il y a entre un clerc et un avoué une différence aussi grande qu’entre un soldat et un maréchal de France.

Il y a des affaires qui commencent, marchent, se jugent, se payent sans que l’avoué connaisse le nom de son client.

Vous sentez qu’après ces grands traits du métier, nous n’irons pas vous entretenir de la manière plus ou moins habile dont on vous soulève de temps à autre un écu pour telle ou telle vacation, telle ou telle course faite par un petit clerc. Lorsqu’on vous a fait admirer les glaciers de la Suisse, on n’ira pas vous montrer un fromage de Tortoni comme une curiosité.