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passer de grandes bandes de corbeaux qui leur rappelaient l’honorable corps des procureurs aux grands jours d’assemblée. On avait fini par les respecter comme des fous peu dangereux.

Tout au contraire, un avoué d’aujourd’hui est un jeune homme aimable, gai, spirituel, mis comme le veut l’arrêt suprême rendu chez Tortoni ; il court les bals, les fêtes, les concerts ; sa femme, par sa toilette, écrase les dames de la cour ; notre avoué dédaigne tout ce qui n’est pas élégant, son cabinet est un boudoir, sa bibliothèque est dans sa tête ; il plaisante des choses les plus graves, et notre heureuse France a cela de beau, qu’on y prend tout en riant ; « nous allons l’exproprier, nous allons le poursuivre, » tout cela est dit avec le sérieux de Polichinelle. Les avoués courent en cabriolet, jouent à l’écarté, les clercs font des vaudevilles, et tout, disent-ils, n’en va pas plus mal.

Les notaires avaient long-temps résisté à la