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grâce à cette perfectibilité indéfinie vers laquelle nous tendons sans cesse.

Autrefois, qu’est-ce que c’était qu’un procureur et qu’un conseiller notaire ? deux êtres les plus maussades du monde et les plus désagréables à voir : le procureur était un homme toujours habillé de noir, coiffé d’une ample perruque classique, ne parlant que des affaires d’autrui, et en termes barbares qui blessaient l’oreille ; toujours enfouis sous un bâtiment de paperasses en décombres, les procureurs fouillaient les titres, se couvraient d’une poussière ridicule, prenaient à cœur l’intérêt d’un client jusqu’à se faire échiner pour lui ; ils n’allaient jamais dans le monde, ne se voyaient qu’entre eux ; enfin un procureur prodigue passait pour un monstre, et celui qui aurait été assez hardi pour aller au Châtelet en voiture, eût été taxé de folie. Au bout de quelque cinquante ans, passés dans la gêne et la pratique, ils se retiraient à quelque campagne, où ils n’avaient plus d’autre joie que de voir