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DEUXIÈME LIVRE,
SCÈNES DE LA VIE DE PROVINCE.




URSULE MIROUËT.


À MADEMOISELLE SOPHIE SURVILLE.


C’est un vrai plaisir, ma chère nièce, que de te dédier un livre dont le sujet et les détails ont eu l’approbation, si difficile à obtenir, d’une jeune fille à qui le monde est encore inconnu, et qui ne transige avec aucun des nobles principes d’une sainte éducation. Vous autres jeunes filles, vous êtes un public redoutable ; car on ne doit vous laisser lire que des livres purs comme votre âme est pure, et l’on vous défend certaines lectures comme on vous empêche de voir la Société telle qu’elle est. N’est-ce pas alors à donner de l’orgueil à un auteur que de vous avoir plu ? Dieu veuille que l’affection ne t’ait pas trompée ! Qui nous le dira ? l’avenir que tu verras, je l’espère, et où je ne serai plus.

Ton oncle,
Honoré De Balzac.




PREMIÈRE PARTIE.

LES HÉRITIERS ALARMÉS.


En entrant à Nemours du côté de Paris, on passe sur le canal du Loing, dont les berges forment à la fois de champêtres remparts et de pittoresques promenades à cette jolie petite ville. Depuis 1830, on a malheureusement bâti plusieurs maisons en deçà du pont. Si