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II. LIVRE, SCÈNES DE LA VIE DE PROVINCE.

Trésor une opposition au transfert des trois inscriptions ; chargea le juge de paix d’aller rechercher la quotité de rente des trois inscriptions, et de savoir si elles avaient été vendues. Pendant que le juge de paix opérait à Paris, le procureur du roi écrivit poliment à madame Minoret de passer au Parquet. Zélie, inquiète du duel de son fils, s’habilla, fit mettre les chevaux à sa voiture, et vint in fiocchi à Fontainebleau. Le plan du procureur du roi était simple et formidable. En séparant la femme du mari, il allait, par suite de la terreur que cause la Justice, apprendre la vérité. Zélie trouva le magistrat dans son cabinet, et fut entièrement foudroyée par ces paroles dites sans façon.

— Madame, je ne vous crois pas complice d’une soustraction faite dans la succession Minoret, et sur la trace de laquelle la Justice est en ce moment ; mais vous pouvez éviter la Cour d’Assises à votre mari par l’aveu complet de ce que vous en savez. Le châtiment qu’encourra votre mari n’est pas d’ailleurs la seule chose à redouter, il faut éviter la destitution de votre fils et ne pas lui casser le cou. Dans quelques instants, il ne serait plus temps, la gendarmerie est en selle et le mandat de dépôt va partir pour Nemours.

Zélie se trouva mal. Quand elle eut repris ses sens, elle avoua tout. Après lui avoir démontré qu’elle était complice, le magistrat lui dit que, pour ne perdre ni son fils ni son mari, il allait procéder avec prudence.

— Vous avez eu affaire à l’homme et non au magistrat, dit-il. Il n’y a ni plainte adressée par la victime ni publicité donnée au vol ; mais votre mari a commis d’horribles crimes, madame, qui ressortissent à un tribunal moins commode que je ne le suis. Dans l’état où se trouve cette affaire, vous serez obligée d’être prisonnière… Oh ! chez moi, et sur parole, fit-il en voyant Zélie près de s’évanouir. Songez que mon devoir rigoureux serait de requérir un mandat de dépôt et de faire commencer une instruction ; mais j’agis en ce moment comme tuteur de mademoiselle Ursule Mirouët, et ses intérêts bien entendus exigent une transaction.

— Ah ! dit Zélie.

— Écrivez à votre mari ces mots… Et il dicta la lettre suivante à Zélie, qu’il fit asseoir à son bureau.

« Mone amit, geu suit arraité, et geai tou di. Remais lez haincequeripsiont que nautre honcque avet léssées à monsieur de Portenduère an verretu du tescetamand queue tu a brulai,