réussir à cacher David une seconde fois aussi bien que la première, elle répondait donc à son beau-père : — Libérez votre fils, vous saurez tout. Aucun des quatre intéressés, qui se trouvaient tous comme devant une table bien servie, n’osait toucher au festin, tant il craignait de se voir devancé ; et tous s’observaient en se défiant les uns des autres.
Quelques jours après la réclusion de Séchard, Petit-Claud était venu trouver le grand Cointet à sa papeterie.
— J’ai fait de mon mieux, lui dit-il, David s’est mis volontairement dans une prison qui nous est inconnue, et il y cherche en paix quelque perfectionnement. Si vous n’avez pas atteint à votre but, il n’y a pas de ma faute, tiendrez-vous votre promesse ?
— Oui, si nous réussissons, répondit le grand Cointet. Le père Séchard est ici depuis quelques jours, il est venu nous faire des questions sur la fabrication du papier, le vieil avare a flairé l’invention de son fils, il en veut profiter, il y a donc quelque espérance d’arriver à une association. Vous êtes l’avoué du père et du fils…
— Ayez le Saint-Esprit de les livrer, reprit Petit-Claud en souriant.
— Oui, répondit Cointet. Si vous réussissez ou à mettre David en prison ou à le mettre dans nos mains par un acte de société, vous serez le mari de mademoiselle de La Haye.
— Est-ce bien là votre ultimatum ? dit Petit-Claud.
— Yès ! fit Cointet, puisque nous parlons des langues étrangères.
— Voici le mien en bon français, reprit Petit-Claud d’un ton sec.
— Ah ! voyons, répliqua Cointet d’un air curieux.
— Présentez-moi demain à madame de Sénonches, faites qu’il y ait pour moi quelque chose de positif, enfin accomplissez votre promesse, ou je paye la dette de Séchard et je m’associe avec lui en revendant ma charge. Je ne veux pas être joué. Vous m’avez parlé net, je me sers du même langage. J’ai fait mes preuves, faites les vôtres. Vous avez tout, je n’ai rien. Si je n’ai pas de gages de votre sincérité, je prends votre jeu.
Le grand Cointet prit son chapeau, son parapluie, son air jésuite, et sortit en disant à Petit-Claud de le suivre.
— Vous verrez, mon cher ami, si je ne vous ai pas préparé les voies ?… dit le négociant à l’avoué.
En un moment, le fin et rusé papetier avait reconnu le danger de sa position, et vu dans Petit-Claud un de ces hommes avec les-