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elle n’est plus à ses répliques, voilà deux fois qu’elle n’entend pas le souffleur. Monsieur, je vous en prie, mettez-vous dans ce coin, dit-il à Lucien. Si Coralie est amoureuse de vous, je vais aller lui dire que vous êtes parti.

— Eh ! non, s’écria Lousteau, dites-lui que monsieur est du souper, qu’elle en fera ce qu’elle voudra, et elle jouera comme mademoiselle Mars.

Le directeur partit.

— Mon ami, dit Lucien à Étienne, comment ! vous n’avez aucun scrupule de faire demander par mademoiselle Florine trente mille francs à ce droguiste pour la moitié d’une chose que Finot vient d’acheter à ce prix-là ?

Lousteau ne laissa pas à Lucien le temps de finir son raisonnement.

— Mais, de quel pays êtes-vous donc, mon cher enfant ? ce droguiste n’est pas un homme, c’est un coffre-fort donné par l’amour.

— Mais votre conscience ?

— La conscience, mon cher, est un de ces bâtons que chacun prend pour battre son voisin, et dont il ne se sert jamais pour lui. Ah ! çà, à qui diable en avez-vous ? Le hasard fait pour vous en un jour un miracle que j’ai attendu pendant deux ans, et vous vous amusez à en discuter les moyens ? Comment ! vous qui me paraissez avoir de l’esprit, qui arriverez à l’indépendance d’idées que doivent avoir les aventuriers intellectuels dans le monde où nous sommes, vous barbotez dans des scrupules de religieuse qui s’accuse d’avoir mangé son œuf avec concupiscence ?… Si Florine réussit, je deviens rédacteur en chef, je gagne deux cent cinquante francs de fixe, je prends les grands théâtres, je laisse à Vernou les théâtres de vaudeville, vous mettez le pied à l’étrier en me succédant dans tous les théâtres des boulevards. Vous aurez alors trois francs par colonne, et vous en écrirez une par jour, trente par mois qui vous produiront quatre-vingt-dix francs ; vous aurez pour soixante francs de livres à vendre à Barbet ; puis vous pouvez demander mensuellement à vos théâtres dix billets, en tout quarante billets, que vous vendrez quarante francs au Barbet des théâtres, un homme avec qui je vous mettrai en relation. Ainsi je vous vois deux cents francs par mois. Vous pourriez, en vous rendant utile à Finot, placer un article de cent francs dans son nouveau journal hebdomadaire, au cas où vous déploieriez un talent transcendant ; car là on signe, et il ne faut plus rien lâcher comme dans le petit journal. Vous auriez